Pendant des années j’ai vécu mon engagement politique au sein de collectif séparé de mon engagement spirituel, de mon travail avec les énergies. Alors que je m’engageais dans l’entrepreneuriat social et plus tard dans la désobéissance civile, je limitais mon travail de rituels et de prières à des activités personnelles, faites dans le cadre privé. Chez moi. Là où personne ne pourrait voir et donc personne ne pourrait se moquer. Quelle belle réussite que de faire croire aux femmes qui pratiquent la magie qu’elles ne sont pas en train de mener des actions radicalement politiques. Que le travail avec l’invisible, la révérence, l’action des guérisseuses et des tisserandes n’est pas fondamentalement une façon engagée de créer les mondes de demain.
Le travail magique n’est pas seulement essentiel pour penser les nouveaux mondes, il est essentiel au coeur même des luttes pour la protection du vivant, pour plus de justice et plus de respect. Il est essentiel pour prendre soin. Il est essentiel pour re-tisser les liens qui ont été coupés par notre pensée dualiste. Il est essentiel pour redonner toute sa place au ressenti. Il est essentiel pour nous permettre de suivre notre coeur plutôt que nos peurs. Il est essentiel pour ne pas reproduire le même système contre lequel nous luttons.

La magie nous connecte à notre “pouvoir de”, elle vient taper pile dans notre sentiment d’impuissance, elle vient attaquer notre déni, elle nous réveille, elle nous rend actives et actifs. La magie nourrit ce feu en nous qui brûle pour plus de justice. Elle nous donne confiance que nous pouvons et devons agir au nom du sacré.